Avé Cesária – La diva aux pieds nus

Crédit photo: Silvio Tanaka

Née le 27 août 1941, à Mindelo au Cap-Vert, Cesária Évora grandit dans une famille plutôt modeste; son père, qui était musicien, décède alors qu’elle est encore en bas âge et elle est placée dans un orphelinat puisque sa mère ne peut subvenir aux besoins de tous ses enfants. C’est là qu’elle commencera à chanter, notamment dans une chorale, seule diversion semble-t-il dans un endroit où elle est malmenée par les nonnes. Ce goût pour la chanson se développera tout doucement à partir de ce moment-là; puis sa rencontre avec un marin portugais, Eduardo, lui sera providentielle puisqu’il lui enseignera les différents types de musique du Cap-Vert, dont la morna, un style de « blues » cap-verdien qu’elle immortalisera.

Cesária Évora – Sôdade

Avec quelques encouragements, Évora se produit bientôt dans les bars et les cafés, et peu à peu resplendit son étoile. « Cize » comme on la surnomme désormais devient populaire parmi les boîtes de nuit, mais demeure toujours un secret bien gardé des îles du Cap-Vert. Si sa carrière semble lancée, elle mettra cependant fin brutalement à son tour de chant, et noiera ses chagrins dans l’alcool. Cette mise en veille durera près de dix ans, jusqu’à ce qu’une association de femmes portugaises parviendra à la persuader de revenir à la scène et ce, à Lisbonne. Quitter Cap-Vert, ancienne colonie du Portugal, pour fouler la capitale de ce même empire lusitanien? Hésitant pendant un moment, Évora se laisse convaincre et part pour l’Europe en 1985.

Cesária Évora – Petit pays

Ce n’est qu’en 1988, alors qu’elle a 47 ans, que son premier album voit le jour, intitulé (et en français s’il-vous-plaît!) La diva aux pieds nus. Ce titre est en fait une référence à un de ses surnoms, lui provenant du fait qu’elle chante sans chaussures, rappelant peut-être ses origines modestes. Le succès sera au rendez-vous, et désormais Évora deviendra un nom incontournable de la musique africaine; Cize enchaînera par la suite disque sur disque, profitant ainsi de sa reconnaissance tardive. Malheureusement, des années d’abus d’alcool et de tabac la rattrapent éventuellement, et elle décède en 2011, après des interventions chirurgicales au coeur, ce coeur qu’elle avait ouvert au gré de ses chansons, de sa nostalgie parfumée de chagrin, d’amertume et de mélancolie.

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Crédit photo: Georges Biard

En 2013, le jeune chanteur belge Stromae décide de consacrer à Évora un morceau sur son album Racine Carrée, intitulé Avé Cesária. S’inspirant de rythmes africains, la goualante est un véritable hommage à la grande dame de la chanson cap-verdienne. Jouant sur la proximité des noms de Cesária et du célèbre dictateur romain, il fait référence à son penchant immodéré pour l’alcool par l’entremise d’un calembour assez bien trouvé, où il s’amuse à substituer « rhum » à « Rome »: malgré toutes ces bouteilles de rhum, tous les chemins mènent à la dignité. Stromae ajoute également un clin d’oeil à son retrait de la vie artistique (Ah tout le monde te croyait disparue, mais tu es revenue), avant de conclure en chantant « sodade di nha Cesária », évoquant la nostalgie qu’il éprouve par rapport à « sa » Cesária…

Stromae – Avé Cesária

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Paroles

Stromae – Avé Cesaria

Sources

Droits d’auteur

  • La photo utilisée en couverture est une création de Silvio Tanaka, trouvée sur Wikimedia Commons. Cliquez ici pour le lien.

L’homosexualité et la chanson française 1900-1950

Le 12 juin 2016, la communauté gaie d’Orlando a été la cible d’un ignoble attentat qui a coûté la vie à 49 personnes. Il s’agit d’un autre douloureux chapitre dans l’histoire déjà lourde de l’homophobie, et un recueillement ne saurait être inutile pour dénoncer ce genre de haine qui n’a aucune raison d’être.
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L’homophobie a longtemps véhiculé au sujet de l’homosexualité de nombreux stéréotypes. Parmi ceux-ci, notons le fait d’être très efféminé, un cliché qui a la vie dure; présent dans plusieurs sphères de la culture, il a souvent été propagé par l’entremise de la chanson et nous n’y échappons pas. Pensons à un artiste du début du siècle, à l’époque du caf’ conc’, Dranem. De son vrai nom Armand Ménard, il aura longtemps tenté de se tailler une place dans le genre du comique troupier jusqu’au jour où il crée son propre personnage. Portant un costume à carreau et un chapeau mou, l’artiste se forgera un personnage efféminé qui sera désormais sa marque de commerce. À son répertoire, notons la chanson assez évocatrice Le trou de mon quai. Cette pièce, dont le titre est une contrepèterie évidente, élabore au sujet de la construction du métro à Paris, et crée un parallèle entre le forage souterrain de la ville et… vous l’aurez deviné. Une autre chanson du même Dranem porte également sur ce thème – Henri, pourquoi n’aimes-tu pas les femmes? – et cultive l’idée que l’homosexualité est un genre que l’on se donne: Ce n’est peut-être après tout /Qu’un manque d’habitude /La vérité, voyez-vous /C’est une attitude. Ces pièces demeureront des classiques du répertoire de la chanson interlope, étant encore de nos jours interprétées pour un public averti et souvent marginal. 

Dranem – Le trou de mon quai

Dranem – Henri, pourquoi n’aimes-tu pas les femmes?

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Cet état de fait se poursuivra par la suite, comme le démontre la chanson Le p’tit roux du faubourg Saint-Martin que chantera Fortugé, un émule de Dranem, pendant les années folles; on y remarque aussi une allusion évidente à la sexualité masculine: Ah, si j’habitais Pékin/J’serais l’plus beau des pétrousquins/Je m’ ferais une belle queue tous les matins/Avec mes cheveux rouquins. Ici, le terme « pétrousquin » peut signifier à la fois un paysan crédule et un postérieur. Les hommes ne seront pas les seuls à être tournés en dérision par la chanson, puisque les femmes queer auront elles aussi droit à des clichés. Georgel créera La Garçonne, au sujet d’une travestie qui « pour être l’égale de l’homme, il lui manque quelque chose« . Il va de soit que ce genre de phrase assassine serait certainement moins acceptable de nos jours! Mentionnons enfin Imprudentes! de Georgius, dont les premiers mots parlés sont « une chanson efféminée » et dont le texte présente un « damoiseau » qui attend un « grand géant barbu » au bois de Boulogne, un lieu bien connu des Parisiens pour ses fréquentations nocturnes homosexuelles. 

Fortugé – Le p’tit rouquin du faubourg Saint-Martin

Georgel – La Garçonne

Georgius – Imprudentes!

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Il y a cependant des exceptions de taille du côté féminin, comme le morceau Ouvre chanté par Suzy Solidor en 1933. Solidor, qui était réellement lesbienne, interprète avec certains sentiments – très loin du « camp » de Dranem ou Fortugé – une chanson d’amour au sujet d’une femme. Le morceau sera un peu trop sulfureux pour l’époque et sera apparemment censuré. Quelques années plus tard en 1936, on la verra au cinéma, à l’affiche de La Garçonne, une transposition du roman éponyme de Victor Margueritte. Dans ce film, une jeune bourgeoise interprétée par Marie Bell décide de se débaucher en allant dans un cabaret lesbien, où elle se fera draguer par la même Solidor et… Édith Piaf!

Suzy Solidor – Ouvre

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Pendant cette même période, plusieurs goualantes feront également référence à des hommes travestis, comme C’était une fille, interprétée par nul autre que Maurice Chevalier. Ce genre de pièces interlopes aura semble-t-il un véritable essor en France pendant l’entre-deux-guerres, avant de s’amenuir pendant l’Occupation allemande, surtout à cause de la loi du 6 août 1942. Une fois la guerre finie, l’humeur et surtout l’humour reviendront au beau fixe, et les clichés reprendront de plus belle, comme la pièce Ils en sont tous de Robert Rocca le prouve. L’enregistrement de cette pièce a été effectué devant public, et le rire des gens présents démontre que ce style de chansons était toujours vivant et bien portant.

Robert Rocca – Ils en sont tous

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Paroles

Dranem – Henri, pourquoi n’aimes-tu pas les femmes?
Dranem – Le trou de mon quai

Fortugé – Le p’tit rouquin du faubourg Saint-Martin

Georgel – La garçonne

Georgius – Imprudentes!

Édith Piaf – La garçonne

Robert Rocca – Ils en sont tous

Suzy Solidor – Ouvre

Sources

[Spécial] Appariation de chansons thématiques – Vingt ans

De son vrai nom Giuseppe Mustacchi, Georges Moustaki a passé son enfance bercé aux sons d’une multitude de langues dans son Alexandrie natale, véritable carrefour de cultures en Égypte. S’il parle l’italien à la maison, « Joseph » est exposé à de nombreuses langues à l’école, dans les cafés et la rue, où l’arabe, le français, le grec et le turc se croisent, se tutoient et s’entremêlent. Rapidement, il s’amourache de la langue de Molière et son père l’inscrit au Lycée français d’Alexandrie pour son plus grand bonheur… et le nôtre!

Féru de poésie et de chanson françaises, Moustaki fréquentera, selon certaines sources, la Schola Cantorum. C’est lors d’un cours d’harmonie que l’auteur du métèque composera la musique de ce qui deviendra Votre fille a vingt ans. Les paroles, quant à elles, ne sont pas nées d’un devoir de français mais plutôt d’une réalité autobiographique. Éternel rêveur, le jeune Georges fait l’école buissonnière avec les copains à Saint-Germain-des-Prés et plusieurs parisiennes tombent sous son charme méditerranéen. Et c’est après la conquête d’une jeune femme en particulier qu’il écrira la chanson; celle-ci était adressée à une célèbre productrice de télévision, dont la fille était l’objet de son amour.

Si Moustaki chante Votre fille a vingt ans, c’est véritablement Reggiani qui la rendra sienne; selon Georges, Serge aimait cette goualante surtout parce que c’est ce qu’il souhaitait lui-même dire (ou avouer) à certaines de ses connaissances, dont Simone Signoret.

Georges Moustaki – Votre fille a vingt ans

Serge Reggiani – Votre fille a vingt ans

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Lors de l’année 1977, Gréco s’apprête à franchir le cap de la cinquantaine. Un jour, alors qu’elle avait une conversation animée au téléphone, la chanteuse tranche d’un ton sec: « Non, monsieur, je n’ai pas vingt ans ». À ses côtés se trouve le parolier Henri Gougaud et il ne lui en faut pas plus pour trouver l’inspiration pour une nouvelle chanson. Selon Bertrand Dicale – dans la biographie qu’il a consacrée à Gréco – un spectateur aurait crié à l’interprète « Vieille peau! » pendant un gala à l’Athénée. Juliette se serait approchée de son musicien, lui aurait chuchoté quelques mots, avant de créer sur scène Non, Monsieur, je n’ai pas vingt ans, qu’elle a d’ailleurs dédié à celui qui l’avait chahutée! 

Quelque peu nostalgique, la chanson ne fait pas l’éloge de cet âge que tant de poètes ont encensé; elle se pose tout simplement en bilan d’une époque où la vie était un peu moins facile: Vingt ans, c’est l’âge dur /Ce n’est pas le meilleur des temps /Je sais, je l’ai vécu.

Petite ironie du sort, Georges Moustaki avait originalement offert Votre fille a vingt ans à Juliette Gréco, mais le succès n’avait pas été au rendez-vous…

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Paroles

Juliette Gréco – Non, Monsieur, je n’ai pas vingt ans

Georges Moustaki – Votre fille a vingt ans

Serge Reggiani – Votre fille a vingt ans 

Sources

  • CALVET, L.-J. Moustaki, une vie. Sine loco; Archipel, 2014.
  • ECLIMONT, C.-L. 1000 Chansons françaises de 1920 à nos jours. Paris: Flammarion, 2012, p. 548-549.
  • PANTCHENKO, D. Serge Reggiani: L’acteur de la chanson. Sine loco: Fayard, 2014.

Droits d’auteur

  • La photo de Georges Moustaki est une création de Rob Mieremet / Anefo.
  • La photo de Juliette Gréco est une création d’Erling Mandelmann.

 

Bruxelles, toujours belle

Le matin du 22 mars 2016, Bruxelles s’activait comme à son habitude. Fière capitale de l’Europe, des moules frites et de la bande dessinée, elle voyait son lot de voyageurs transiter par son aéroport de Zaventem, ses gares de train et de métro. J’avais moi-même marché dans les rues de la Madeleine et de Belliard, je m’étais arrêté à la Grand-Place (où l’on ne jouait pas Mozart), j’avais goûté à une mitraillette belge, dégusté une gaufre nappée de caramel. Fan de Tintin et Spirou depuis ma tendre enfance, j’ai écumé le musée d’Hergé et celui de la bd pour retrouver mon coeur d’enfant. Et puis, c’est arrivé. Un autre attentat après Charlie Hebdo et le Bataclan en France, sanglant et meurtrier, sans raison ni pitié, de la même main décharnée qui égorge au Nigéria, qui brûle en Irak et qui éclate en Turquie…

Après les larmes versées et les morts commémorés, Bruxelles commence à revivre, ses plaies encore vives cicatrisent peu à peu. Toujours dans nos pensées, laissons-nous quelques instants nous faire bercer par quelques chansons qui rappellent des jours plus heureux.

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En 1962, Jacques Brel s’inspirera de la ville de Bruxelles pour créer une chanson éponyme sur son album Les Bourgeois. Le chanteur belge s’y amusera à raconter la vie imaginaire de ses grands-parents dans la capitale belge au début du siècle; son grand-père anticipe la Grande Guerre, pendant laquelle la Belgique deviendra la cause célèbre de l’Angleterre sous le nom de « The Rape of Belgium », pendant que sa grand-mère attend la naissance de son père. Ce dernier fait est peu probable si l’on considère que le père de Brel, Romain, est né en 1883…

Dans ce même Bruxelles, Brel se plaît à décrire la population (« des femmes en crinoline » et « des messieurs en gibus »), ainsi qu’à faire des allusions pseudo-historiques. S’il y a effectivement une place de Brouckère et une place Sainte-Catherine, il n’y avait pas de place Sainte-Justine jusqu’à récemment. En effet, France Brel a réussi à convaincre le ministre Gosuin afin qu’il y ait une place qui porte ce nom. De plus, les omnibus ne se rendaient pas jusqu’à la place Sainte-Catherine, car celle-ci servait de bassin au port de Bruxelles. Enfin, le grand Jacques invente le néologisme « bruxeller », dont la signification reste encore à déterminer. Pour les uns, cela représente Bruxelles, insouciante et en plein essor; pour les autres, c’est le fait de parler en brusseleer, le dialecte propre à la capitale. 

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De son vrai nom Benedictus Albertus Annegarn, Dick est né aux Pays-Bas avant que ses parents ne déménagent en Belgique alors qu’il n’a que six ans. Passionné par la musique et autodidacte, il monte à Paris en 1972 alors qu’il n’a que vingt ans. Bientôt, il sort un 33 tours intitulé Sacré Géranium, dont une des pistes n’est autre que Bruxelles. Mêlant assonances et quelques références à la capitale belge sur un fond de piano mélancolique, ce titre devient rapidement le plus connu et repris de sa carrière. Peu après les attentats, la chanson a connu un regain de popularité comme l’un des symboles de la ville belge par l’entremise de Twitter, avec l’hashtag #BruxellesmaBelle. Pour mémoire, mentionnons qu’Alain Bashung a également repris la goualante.

Alain Bashung – Bruxelles

Dick Annegarn – Bruxelles

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Plus près de nous, la jeune Marie Warnant composera aussi une pièce en hommage à Bruxelles. Née à Namur en 1979, l’auteure/compositrice/interprète belge se fera connaître premièrement en tant que chanteuse du groupe BaliMurphy, avant d’entamer une carrière solo en 2002. C’est trois plus tard, en collaboration avec Vincent Liben, qu’elle sortira son premier disque De un à dix; c’est sur ce même opus que se trouve l’éponyme Bruxelles. Ponctuée d’un battement régulier assez ressenti, la chanson dégage un ton faussement mélancolique; si Warnant accuse sa ville d’être banale, c’est pour mieux prouver qu’elle ne l’est point. Elle parsème sa goualante de références à Bruxelles, en les entremêlant de culture française: si Molière prend Saint-Gilles de haut, Édith chante le boulevard Anspach. D’ailleurs, la jeune artiste semble faire un clin d’oeil aux deux précédents chanteurs: « En capitale, quand elle se cambre devant moi/Ma Belle aux bois » rappelant la première ligne de la pièce d’Annegarn, et surtout « Quand les marquises voient le Châtelain/C’est le Grand Jacques qui prend le train », hommage à Brel et aux îles qu’il a rendu célèbres.

Marie Warnant – Bruxelles

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Le 26 mars, le vieux crooner Johnny Hallyday a chanté Quand on n’a que l’amour pour clore un concert à Bruxelles; la jeune et très prometteuse Léa a entonné une création originale, Il nous reste l’espoir, qui a touché de nombreux internautes. Partout, par l’entremise des médias sociaux, on honore et célèbre la capitale du plat pays, qui est un peu la nôtre désormais.

Paroles

Dick Annegarn – Bruxelles

Alain Bashung – Bruxelles

Jacques Brel – Bruxelles

Marie Warnant – Bruxelles

Sources

Vice-versa pour le mois de l’histoire des Noirs

Le mois de l’histoire des Noirs puise ses origines aux États-Unis, lorsque le docteur Carter G. Woodson a réussi à implanter ce qui devait être à l’origine le « Negro History Week » en février 1926. Il avait alors choisi ce mois car Frederick Douglass (abolitionniste dont je recommande le récit autobiographique) et Abraham Lincoln sont tous les deux nés au mois de février. En 1976, soit cinquante ans plus tard, la semaine devenait un mois complet : le « Black History Month » était né ! Depuis, cet évènement est célébré aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni et retrace les apports historiques et culturels des communautés noires dans le monde. 

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Crédit: Henri Manuel

Joséphine Baker est sans contredit une des premières vedettes noires du monde. Née à St-Louis, au Missouri, la future star arrive à Paris en 1925 et fait partie d’une troupe de vaudeville afro-américaine appelée La Revue Nègre. Avec sa routine de « danse sauvage », portant paillettes et bananes et répondant aux fantasmes coloniaux les plus outrageants, Baker monte en tête d’affiche et devient un des grands noms du music-hall français. En décembre 1932, elle crée une composition au Casino de Paris signée L. Falk, H. Varna et R. Lelièvre intitulée Si j’étais Blanche. Pour interpréter la chanson de façon plus « convaincante », Baker porte une perruque blonde et pâlit sa peau à l’aide de lait et de jus de citron. Cependant, plusieurs critiques dont Nancy Cunard n’apprécient pas le « white face » qu’exhibe la star étasunienne, allant a contrario de son personnage exotique.  

Joséphine Baker – Si j’étais blanche

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En 1966, l’excentrique Nino Ferrer gravera sur disque un ode aux jazzmen qu’il admire dans la composition Je veux être Noir. Mentionnant les musiciens Wilson Pickett, James Brown, Ray Charles et B. B. King, le chanteur yéyé ne tient pas seulement à leur rendre hommage. En effet, au début du deuxième couplet, il fustige Orval Faubus, qui s’opposa vivement à la déségrégation des écoles dans le sud des États-Unis. Chanson considérée loufoque et amusante, Ferrer s’en sert surtout pour se distancier de certains Blancs, racistes ceux-là :

Mais je me sens très souvent très très embarrassé
Par la couleur de ma peau qui me démoralise un p’tit peu

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Paroles

Joséphine Baker – Si j’étais Blanche

Nino Ferrer – Je veux être Noir

Sources

JULES-ROSETTE, B. Josephine Baker in art and life: The icon and the image. Sine loco: University of Illinois Press, 2007, p. 2, 63-65.

MOIS DE L’HISTOIRE DES NOIRS [http://moishistoiredesnoirs.com/a-propos/origine-mois-histoire-des-noirs/] Consulté le 28 février 2015.

Remerciements

L’utilisateur Youtube DJAVU1975 pour la vidéo de Nino Ferrer.