La chanson du consentement – Tu veux ou tu veux pas

Chanteur brésilien peu connu hors de son pays natal, Wilson Simonal avait fait ses débuts comme crooner de rock n’ roll et chantre de calypso, avant de s’orienter sur les conseils de Ronaldo Boscoli vers la samba traditionnelle et la bossa nova. Rappelant par moment Harry Belafonte ou James Brown, il avait une certaine suavité de Carioca communicative.  Après son tournant musical, sa carrière prend de l’ampleur, et ce, malgré quelques controverses. En effet, Simonal interprétera une chanson sur l’emploi du sucre comme talc (Mamãe passou açúcar em mim) à une époque où la cocaïne fait des ravages autant dans les classes supérieures que dans les favelas. Puis, il s’approprie la pièce de Ben Jorge País Tropical, en modifiant les paroles et en y glissant des slogans commerciaux pour une compagnie pétrolière… avant même d’avoir acheté les droits. Il connaîtra aussi des démêlés avec la justice brésilienne lorsque la dictature des généraux prendra fin en 1984; si on l’accusera d’extorsion de fonds à l’endroit de prisonniers politiques, Simonal se défendra en disant qu’il n’était qu’un indicateur. Condamné, il sera ostracisé du monde musical brésilien, avant de mourir en 2000.

Outre les goualantes nommées plus haut, un de ses succès sera sans contredit Nem vem que não tem, composé par Carlos Imperial. Le titre de la chanson peut être traduit littéralement en français par: « Ne viens pas car tu ne l’auras pas ». C’est une expression signifiant qu’on demande l’impossible ou tout simplement si on ne veut pas parler d’un sujet avec quelqu’un. 

Wilson Simonal – Nem vem que não tem

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C’est en 1969 que la chanson fait son chemin jusqu’en France, par l’entremise d’un clarinettiste et saxophoniste jazz qui n’a pourtant rien d’un chanteur à la mode. Maigrichon, moustachu, avec des lunettes et un bob qu’il ne quitte jamais, Marcel Zanini se voit offrir par Léo Missir, directeur chez Barclay, l’adaptation française de Nem vem que não tem, signée par Pierre Cour. Devenue Tu veux ou tu veux pas, la pièce est enregistrée est une récidive du jazzman, puisqu’il avait sorti l’année précédente un 45 tours avec Un scotch, un bourbon, une bière comme goualante principale, et un autre disque Tout le monde aime ma baby en 1966.

Cependant, il y a un hic. Quelqu’un d’autre vient d’entendre la chanson, et désire la mettre ardemment à son répertoire, il s’agit d’une chanteuse qui a déjà interprété des pièces brésiliennes… Brigitte Bardot ! En effet, la plantureuse blonde estime que le sous-texte sexuel de Tu veux ou tu veux pas conviendrait beaucoup mieux à un sex symbol qu’à Zanini. Après une chaude lutte avec les producteurs, c’est l’homme au bob qui l’emporte et c’est son 45 tours qui se retrouvera dans les bacs et à la radio, avant celle de Bardot.  Ce sera un véritable succès pour le jazzman, qui enfilera coup sur coup plusieurs 45 tours dans les années 70, alors que la carrière musicale de Brigitte s’estompera après 1973. 

Peut-être lui avait-on demandé, pour le convaincre, s’il voulait ou ne voulait pas, que c’était comme-ci ou comme ça…

Marcel Zanini – Tu veux ou tu veux pas

Brigitte Bardot – Tu veux ou tu veux pas

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Paroles

Brigitte Bardot – Tu veux ou tu veux pas

Marcel Zanini – Tu veux ou tu veux pas

Sources

  • DELFINO, J. P. COULEURS BRASIL: Petites et grandes histoires de la musique brésilienne. Mercuès: Le Passage, 2014.
  • ENCYCLOPÉDISQUE [http://www.encyclopedisque.fr/] Consulté le 20 décembre 2017.
  • ROSE, A., VALE, N. et CAÇADOR, J. Party Brazil Phrasebook 2014: Slang, Music, Fun and Futebol. Berkeley: Ulysses Press, 2014, p. 61.

Dis-moi je t’aime, dis-le, dis-le moi – Une chanson éclatée des Beatles à la sauce française

En 1967, la relation entre Lennon et McCartney était encore au beau fixe lorsque le duo commença la composition d’une de ses chansons les plus loufoques. Selon une version, John aurait trouvé un bottin téléphonique dont le slogan était « You know the name, look up the number » (Vous connaissez le nom, trouvez le numéro). Inspiré, Lennon s’était mis en tête d’écrire une pièce ayant une seule strophe, répétée encore et encore, comme un mantra. Après quelques enregistrements, la maquette aurait été laissée de côté pendant près de deux ans; le 30 avril 1969, Lennon et McCartney reprirent You know my name, en y ajoutant des pistes de voix supplémentaires et des effets sonores, gracieuseté de Mal Evans. Fait à noter, Brian Jones des Rolling Stones jouera du saxophone lors des premiers enregistrements de la pièce en 1967; ni George Harrison ni Ringo Starr ne feront partie de cette dernière session en 1969.

You know my name sera enfin endisquée en tant que face B du single Let it Be en 1970. Elle se trouvera également sur les éditions anglaises et étasuniennes de Rarities. Anormalement longue – la pièce originale dure près de six minutes – la chanson débute par des cris, avant de passer à un style de musique plutôt « lounge », suivi de quelques grognements incohérents sinon cocasses, avant de se terminer par un rot! Insolite, Lennon désirait même qu’elle soit lancée sur la face A d’un 45 tours! À ce jour, elle demeure une des pièces les moins connues du répertoire des Beatles.

The Beatles – You know my name (Look up the number)

The Beatles – You know my name (Look up the number) [Anthologie]

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En 1970, Gérard Châtelain (dit Gérard Saint-Paul) sera engagé pour chanter les adaptations françaises d’une dizaine de titres des Beatles. Écrites par Mya Simille et Michel Delancray et loin d’être de simples calques, ces « traductions » joueront souvent avec les sonorités originales afin que celles-ci prennent tout leur sens en français. Pour ce qui est de You know my name, le résultat sera en quelque sorte fidèle à l’original: Dis-moi je t’aime, dis-le, dis-le moi saura garder la même idée de départ, c’est-à-dire un mantra basé sur le titre de la chanson. Il y aura cependant des ajouts pour le moins d’un goût douteux, comme « salope » et même « fuck », entonnés par une seconde voix, et qui semblent absents des paroles qu’on trouve au dos de l’album. S’agirait-il d’une inspiration des musiciens lors de l’enregistrement en studio?

Enfin, il est ironique que Gérard Saint-Paul chantât une version de You know my name, alors que son nom demeure toujours aussi inconnu auprès du grand public. Reste à savoir si on lui dit qu’on l’aime, qu’on le dit, qu’on lui dit…

Gérard Saint-Paul – Dis-moi je t’aime, dis-le, dis-le moi

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Paroles

Gérard Saint-Paul – Dis-moi je t’aime, dis-le, dis-le moi

Sources

  • ENCYCLOPÉDISQUE [www.encyclopedisque.fr] Consulté le 6 juin 2016.
  • LEWISOHN, M. The Beatles Recording Sessions. New York: Harmony Books, 1988, p. 15, 116, 175-194.
  • SHEFF, D. All We Are Saying: The Last Major Interview with John Lennon and Yoko Ono. New York: St. Martin’s Press, 2000.

L’Odyssée spatiale de David Bowie

Le 10 janvier 2016, deux jours seulement après son soixante-neuvième anniversaire, décédait le légendaire rocker David Bowie. Atteint depuis plus d’un an d’un cancer au foie incurable, le chanteur britannique a néanmoins su conserver ses dernières forces pour composer un dernier opus, Blackstar. Mêlant à la fois l’avant-garde dont il a toujours été l’un des vecteurs, une symbolique riche en interprétation et l’image de sa mortalité qu’il sait désormais réelle et proche, Bowie a créé un véritable testament musical pour ses fans. De fait, l’alter ego de Ziggy Stardust s’est plu à truffer ses dernières compositions de références à des albums précédents, tissant des liens avec de nombreuses chansons qu’il a composées depuis 1967. On peut notamment voir dans le vidéoclip de la chanson Blackstar un astronaute échoué sur une planète lointaine et dont le corps, décomposé à l’intérieur de sa combinaison spatiale, révèle la mort inévitable qui nous guète. 

 

Cette scène est non sans évoquer le triste destin de Major Tom, astronaute perdu dans l’espace dans le premier hit (inter) planétaire de Bowie, Space Oddity. Sorti en single en juillet 1969, la chanson arrive tout juste à temps pour souligner la mission d’Apollo 11, lorsque Neil Armstrong fera un petit pas sur la Lune. Bien évidemment, la radio hésite à la faire jouer car la fin tragique de l’astronaute n’est certainement pas de bon augure…

Bien ancré dans la « culture spatiale » de l’époque, il est possible d’y voir l’influence du film de Kubrick 2001, L’Odyssée de l’espace (2001 : A Space Odyssey en anglais). Outre la similarité des titres, il y a clairement un lien entre le triste sort du Major Tom et le docteur Frank Poole, lorsque ce dernier voit son tube d’oxygène sectionné à cause de l’ordinateur renégat HAL et qu’il flotte dans l’espace, sans vie, loin de la station. Mais, dans la chanson de Bowie, l’histoire ne dit pas si c’est un accident, un sabotage ou un acte délibéré de l’astronaute…

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Reprises

En 1971, le chanteur français Gérard Palaprat a décidé de reprendre Space Oddity en français, sous le titre Un homme a disparu dans le ciel. Fidèle à l’original musicalement, la pièce manque cependant de la présence cosmique que Bowie y insufflait; Major Tom a disparu, et il y a eu plusieurs ajouts particuliers, comme un décompte en russe au début de la chanson (le parolier n’est autre que Boris Bergman, anglais d’origine russe). De plus, le texte français fait des références à « un homme qui peint l’arc-en-ciel » et au « vieux saule qui nous cachait la maison du bateleur« , ce qui rend le texte beaucoup plus psychédélique que la version de Bowie. Enfin, le protagoniste n’envoie plus ses dernières pensées à sa femme, mais bien à sa mère… Complexe d’Oedipe ou s’agit-il tout simplement d’un enfant rêvant en regardant les étoiles ?

Gérard Palaprat – Un homme a disparu dans le ciel

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À l’heure de l’électro-pop dans les années 80, c’est Plastic Bertrand qui reprendra le relais des aventures du plus connu des astronautes fictifs. En 1982, Peter Schilling avait composé un morceau en hommage à Bowie intitulé Major Tom en allemand, avant de le traduire en anglais. L’année suivante, le chanteur belge créera une version française de la chanson de Schilling, adaptée par Y. Lacomblez et J. Molet. Cependant, si la conclusion est similaire à la pièce originale, il y a une nuance particulière, moralisatrice qu’on peut entendre : Continuez sans nous, monde égoïste/Faites-vous la guerre nucléaire/…/Il y a dans l’univers des mondes meilleurs. La dérive du Major Tom n’est finalement pas aussi tragique que le laissait entendre Ziggy Stardust…

Plastic Bertrand – Major Tom

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Dans les années 2000, c’est le chanteur québécois Frank Fuller alias Lucien Midnight qui enregistrera sa propre version de Space Oddity. Intitulée simplement Major Tom, la goualante présente une vision mélancolique de la chanson originale de Bowie. Parsemant de franglais et de joual sa version, Midnight parvient à faire ressortir certaines spécificités propres au Québec; le « casque de poil » employé en lieu du casque d’astronaute renvoie de façon humoristique au froid de l’espace. Enfin, en rajoutant qu’il est « bien buzzé », le chanteur ajoute une dimension particulière, celle d’un Major Tom drogué – comme David Bowie lui-même l’insinue dans Ashes to Ashes: « We all know Major Tom’s a junkie« .

Lucien Midnight – Major Tom

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Paroles

Lucien Midnight – Major Tom

Gérard Palaprat – Un homme a disparu dans le ciel

Plastic Bertrand – Major Tom

Sources

  • ENCYCLOPEDISQUE [www.encyclopedisque.fr] Consulté le 21 janvier 2016.
  • FOURNIER, I. « From « Space Oddity » to Canadian Reality » in The Canadian Fantastic in Focus: New Perspectives, ed. A. Weiss, Jefferson, North Carolina : McFarland & Company Inc. Publishers, ca 2015, p. 212-223.

Les Cosaques… à Paris!

Après la révolution bolchévique de 1917, de nombreux Russes ont émigré en France afin de fuir la terreur rouge. Désirant refaire leur vie sous de nouveaux auspices au sein de la République, ils doivent désormais se trouver un travail pour gagner leur croûte. Rapidement, certains troquent leurs montures pour des taxis de façon toute naturelle: la souplesse des horaires aurait permis aux militaires et aux aristocrates de se dévouer à la cause qui leur tenait le plus à coeur – sauver la Mère Russie des mains des Communistes. Ainsi, il y a bientôt plus de 3 000 chauffeurs de taxis russes, dont la moitié se trouve à Paris. Dans les années 50, il n’en restera plus que le quart en service, mais l’image du « chauffeur cosaque » restera longtemps dans les esprits. Peuple connu pour ses prouesses guerrières et sa grande habileté à monter des chevaux, les cosaques n’ont-ils pas justement toutes les qualités pour conduire à Paris en pleine heure de pointe?

En 1969, Henri Salvador décide de brosser un portrait humoristique de cette situation dans sa chanson Da da niet niet niet. Portant une papakha, une barbe postiche et un long manteau de fourrure, le chanteur passe en revue tous les clichés associés aux Russes : caviar, samovar et même la roulette… Anecdote intéressante, il faut noter qu’il ne restait plus au début des années 70 qu’un seul chauffeur cosaque, âgé de 92 ans! C’est à se demander s’il aurait pu prendre la chanson pour un hommage personnel. Enfin, Salvador conclut cette goualante avec un soupir de dégoût à l’idée qu’une princesse russe soit désormais vestiaire, et ce, pour une clientèle petite bourgeoise. Eh oui, l’immigration chambarde souvent le statut social. Pensez-y la prochaine fois que vous prendrez un taxi – qui sait, ce sera peut-être un prince nigérian ou un sultan marocain qui vous conduira! 

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En 2002, Séverine lance son quatrième album en français intitulé Retour à Paris et, parmi les pistes de son nouvel opus, il y a Grand-papa cosaque. Dans cette pièce, la chanteuse évoque un grand-père cosaque désirant revoir sa grande Russie et qui pourtant ne la reverra jamais. L’évocation de Petrograd puis de Saint-Pétersburg n’est pas anodine puisque c’est après l’exode des Russes blancs que la ville autrefois bâtie par Pierre le Grand sera renommée Leningrad. Et que faisait ce cosaque en France?

T’as pas fait trente ans de taxi pour être enterré à Paris

Séverine – Grand-papa cosaque

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Paroles

Henri Salvador – Da da niet niet niet

Séverine – Grand-papa cosaque

Sources

GORBOFF, M. La Russie fantôme: l’émigration russe de 1920 à 1950, L’Âge d’homme, 1995, p. 44-45.

ENCYCLOPÉDISQUE [www.encyclopedisque.fr] Consulté le 2 janvier 2016.

Gainsbourg et la muse érotique – Je t’aime moi non plus

Depuis qu’il a retourné sa veste – car elle était doublée de vison, ajoutait-il goguenard – Gainsbourg a enfin trouvé le succès pop en 1965. Et cela, grâce à une jeune femme, France Gall. Cette formule, bien que habituelle chez les paroliers/compositeurs (ce fut le cas pour Charles Aznavour et d’autres), réussira particulièrement bien pour l’homme à tête de chou. Au début des années 60, l’alter ego d’Evguénie Sokolov offre des compositions à une jeune Brigitte Bardot, alors véritable sex-symbol depuis Et Dieu…créa la femme. Profitant du charme de B.B., Gainsbourg lui écrit certains morceaux comme L’appareil à sous, Bubble Gum ou encore Je me donne à qui me plaît…

Brigitte Bardot – L’appareil à sous

Brigitte Bardot – Je me donne à qui me plaît

Cependant, c’est en 1967 que la collaboration se révèle fructueuse ; une idylle passionnée naît entre les deux. Curieuses amours! Alors que B.B. est l’image même de la volupté et de la sensualité, Gainsbourg a quant à lui un physique ingrat dont les médias adorent se moquer. Et pourtant, la belle et la bête sont bel et bien épris l’un de l’autre! Mais Vénus est éphémère pour ceux qui la croient éternelle… Après un trouble de comportement, Gainsbourg est réprimandé par la Bardot. Elle lui demande en guise de réparation la plus belle chanson d’amour. Le pianiste, ayant quelques jours plus tôt assisté à une projection du film Bonnie & Clyde de Warren Beatty, commence à songer à sa dette amoureuse. La même nuit, il compose Bonnie and Clyde, qui sera créé pendant le Brigitte Bardot Show lors du jour de l’an 1968.

Ce ne sera pas la seule chanson que Gainsbourg désire offrir à sa muse ; il a également écrit une chanson beaucoup plus sulfureuse et corrosive sur une musique composée pour Les Coeurs verts dÉdouard Luntz. Le résultat ? Je t’aime, moi non plus. L’homme à tête de chou aurait été inspiré d’une citation de Salvador Dali :

Picasso est Espagnol, moi aussi
Picasso est un génie, moi aussi
Picasso est communiste…moi non plus !

La sortie du 45 tours est prévue pour le 25 décembre, tout un cadeau de Noël de la part de Serge et Brigitte! Mais, ayant épousé Gunter Sachs, la plantureuse blonde exige que la chanson n’aboutisse pas dans les bacs – de peur que son mari fraîchement épousé ne paraisse cocufié ! Gainsbourg enferme la maquette dans son coffre-fort. Que va-t-il arriver de sa chanson?

Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot – Je t’aime moi non plus

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Je t’aime, deuxième partie

C’est en 1968, au mois de mai, que Serge fait une rencontre sur le plateau de tournage du film Slogan de Pierre Grimblat. Il s’agit de Jane Birkin, ex-compagne du compositeur John Barry. Mais le Français se montre distant et hautain devant la jeune Anglaise. L’ambiance orageuse qui en découle est fort déplaisant ; Grimblat les invite tous deux au restaurant puis se décommande. Alors qu’ils sont en tête-à-tête, l’amour pointe le bout de sa flèche et shebam, pow, blop, wizz.. Se métamorphosant en moderne Pygmalion, Gainsbourg prendra la jeune Anglaise sous son aile (et bien d’autres choses !). Il décide de lui faire enregistrer la chanson qu’il avait écrite pour B.B. pour un 33 tours qui s’intitulera de façon peu originale Jane Birkin – Serge Gainsbourg.

Album Jane Birkin et Serge Gainsbourg

Parsemée de gémissements rappelant l’orgasme, la chanson fait scandale à l’époque. Censurée par la BBC, la goualante sera mise à l’index par le Vatican et Jean XXIII ! Mais comme toute chose interdite, elle ne fait qu’attiser l’intérêt des auditeurs : la France, l’Allemagne, l’Italie, la Scandinavie de même que certains pays sud-américains se l’arrachent! Les journalistes et autres médisants ont longtemps spéculé que le couple avait bel et bien fait l’amour en studio ; cela sera démenti par le principal intéressé par une boutade particulièrement gainsbourgienne. L’homme à tête de chou avait soutenu que la chanson n’aurait pas été aussi longue si elle avait eu la même durée qu’une relation sexuelle…  

Serge Gainsbourg et Jane Birkin – Je t’aime moi non plus

Clin d’oeil

La chanson fait tellement parler d’elle que les parodies foisonnent. Parmi celles-ci, retenons au passage « Ça« , interprétée par Bourvil et Jacqueline Maillan. Le couple, s’appelant Serge et Jane respectivement, dialogue au son de l’orgue comme deux retraités devant la télévision. Exit le torride, entre le tout ridé… 

Bourvil et Jacqueline Maillan – Ça

En 1974, lors d’un spécial à la télévision, Jane Birkin interprète à nouveau la sulfureuse chanson en compagnie d’un autre partenaire… nul autre que le Monocle, Paul Meurisse ! Fidèle à lui-même, l’acteur de Dunkerque balbutie des paroles incohérentes avec un ton grave et solennel, provocant ainsi le rire des téléspectateurs.

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Je t’aime, suite et fin

Si le premier succès était dû à la candeur de Gall, le deuxième le devînt grâce à la sensualité de Birkin… Ce ne fut là bien sûr pas la seule chanson osée que Gainsbourg fit chanter à Jane ; il faut également penser à La Décadanse ou encore Sex-shop. Leur amour engendra une petite fille, prénommée Charlotte, qui aura une carrière fulgurante dans la chanson et le cinéma, combinant les forces de ses deux parents. Malheureusement pour Gainsbourg, l’union avec Birkin ne durera pas – avec la nouvelle décennie 80 s’amorce aussi la fin de son couple avec la dame Jane…

« Vieux con ! », « Boudin ! ». Voilà les premiers mots qu’échangèrent Gainsbarre et Bambou lors d’une rencontre. Mais, tout comme avec Jane, l’animosité ne fut que passagère et bientôt Serge et Caroline devinrent un couple. Gainsbourg, en mal d’amour, allait éponger son chagrin de Jane comme un Tarzan de pacotille aux bras de Bambou. Et qui dit nouveau couple, dit nouvelle chanson d’amour. L’alter ego d’Evguénie Sokolov créa pour sa compagne une goualante qu’il avait lui-même consacrée : « Je t’aime moi non plus puissance 1000″ ! C’était à propos du nouveau titre de son album éponyme Love on the beat. Dans une chanson stimulant la torture sexuelle, on peut entendre Bambou crier et geindre – une prestation digne des rêves les plus torrides du marquis de Sade lui-même!

Serge Gainsbourg – Love on the beat

En 1986, Bardot donnera son accord pour que la chanson originale puisse enfin être entendu par le public ; il est évident que presque vingt ans plus tard, Je t’aime moi non plus avait perdu son mordant initial. Et si l’on aime la chanson ou non, il faut avouer que cet amour tantôt dévoué à Bardot, Birkin ou Bambou aura permis à Serge Gainsbourg de se faire connaître… lui non plus !

Paroles

Brigitte Bardot – Bubble gum
Brigitte Bardot – L’appareil à sous
Brigitte Bardot – Je me donne à qui me plaît
Brigitte Bardot/Serge Gainsbourg – Bonnie and Clyde
Brigitte Bardot/Serge Gainsbourg – Je t’aime moi non plus

Jane Birkin/Paul Meurisse – Je t’aime moi non plus
Jane Birkin/Serge Gainsbourg – Je t’aime moi non plus
Jane Birkin/Serge Gainsbourg – La Décadanse

Bourvil/Jacqueline Maillan – Ça (Je t’aime moi non plus)

Serge Gainsbourg – Love on the beat
Serge Gainsbourg – Sex-shop

Discographie

Pour Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot

1986 – 45 tours : Je t’aime moi non plus/Bonnie and Clyde

Pour Serge Gainsbourg et Jane Birkin

1969 – 45 tours SP : Je t’aime moi non plus/69, année érotique

197? – 45 tours SP : Je t’aime moi non plus/Jane B. [Belgique]

1974 – 45 tours SP : Je t’aime moi non plus/La Décadanse

1975 – 45 tours SP : Je t’aime moi non plus/La Décadanse [Japon]

1976 – 45 tours SP : Je t’aime moi non plus/Jane B. [Belgique]

1990 – 45 tours SP : Je t’aime moi non plus/Jane B. [Royaume-Uni]

Pour Serge Gainsbourg

1984 – 33 tours : Love on the beat/Sorry Angel/Hmm Hmm Hmm/Kiss me hardy/No comment/I’m the boy/Harley David son of a bitch/Lemon Incest

1984 – 45 tours SP : Love on the beat/Sorry Angel [Japon]

Pour Bourvil

1969 – 33 tours : Ça (Je t’aime moi non plus)/Pouet Pouet/Ma p’tit’ chanson/Maurice/La mandoline/Mon village au clair de Lune/Pauvre Lola/C’est l’piston/Un clair de lune à Maubeuge/Un p’tit coup monsieur/Je voudrais être/C’était bien (au petit bal perdu)/Pour sûr/La dondon dodue

1969 – 45 tours SP :Ça (Je t’aime moi non plus)/Pauvre Lola

Sources

Remerciements

Merci à l’utilisateur GAINSBARRÉ24 pour le vidéo de Meurisse/Birkin.