Châtelaine – Corps à corps au lieu d’un tête-à-tête


Née Jocelyne Pruneau à Shawinigan en 1953, Châtelaine a débuté sa carrière dans les années 70, lorsque le disco était au sommet de sa forme au Québec. En 1977, elle sort son premier 45 tours – une adaptation française du hit italien A far l’amore comincia tu de Raffaella Carra, sous le nom de Corps à Corps. Mêlant sensualité aux rythmes effrénés, la version de Châtelaine sera le hit de l’été dans toutes les discothèques. Elle la réinterprètera en 2001, pour un spécial à Musimax. Châtelaine ira même jusqu’à chanter une version longue bilingue, intitulée In love we’ll be. Puis, elle ajoute à son palmarès les titres Sous le soleil de CorfouI wouldn’t give you up, de même que Jack et Jill. Au début des années 80, elle varie légèrement son répertoire et s’inscrit dans la vague rétro qui souffle à l’époque en enregistrant une reprise des Chats Sauvages, L’amour que j’ai pour toi, ainsi qu’un duo avec Guy Boucher, Devant le Juke-Box, chanson que le chanteur québécois avait enregistré quelques années auparavant avec Ginette Sage.

Corps à corps

Sous le soleil de Corfu

In love we’ll be

Jack et Jill

Devant le Juke-Box

Puis, s’apprêtant à franchir de nouveaux horizons musicaux, Châtelaine se lance à la conquête d’un autre public, adepte de country. Avec l’aide de Johnny Farago, elle fait une tournée à Nashville et la jeune chanteuse enregistre un disque avec un groupe, les Country 10, dont plusieurs standards à la sauce louisianaise, comme Jambalaya. Ce morceau, composé par Hank Williams, sera interprété premièrement par un jeune artiste du nom de Daniel au début des années 70 et repris ici par la blonde chanteuse.

En 1986, Châtelaine quitte une fois pour toutes la scène, préférant se consacrer au monde de la mode, et sort un dernier 45 tours, Ça devait pourtant nous arriver. Elle ne cesse cependant pas de chanter puisqu’elle continue d’exercer son premier amour lors de congrès et de rassemblements corporatifs.

Jambalaya

Ça devait pourtant nous arriver

Enfin, plus récemment, Châtelaine a effectué un retour en force lors du spectacle « Souvenirs retrouvés 2 », qui s’est déroulé au Club Soda, en 2009. Si la chanteuse a connu un succès indéniable, la plupart des chansons ci-dessus ont été numéro 1 du palmarès Radiomutuel pendant une semaine, sa carrière aura été cependant courte. Qui sait ce qu’aurait été le paysage musical québécois si Châtelaine ne s’était pas éclipsée au profit des Céline Dion, Mitsou, Joe Bocan…

Paroles

Châtelaine – Ça devait pourtant nous arriver
Châtelaine – Corps à corps
Châtelaine – Devant le Juke-Box
Châtelaine – Jack et Jill
Châtelaine – Jambalaya
Châtelaine – Sous le soleil de Corfou

Discographie

Sources

Tout le monde parlait de l’R-100

Après un premier vol transatlantique du R-34 en 1919, la Grande-Bretagne s’apprêtait derechef à un voyage en dirigeable au-dessus de l’Atlantique. Mais le R-34 se révélait trop petit pour l’utiliser à des fins commerciales, et donc le Royaume-Uni s’enquit de construire deux autres dirigeables : le R-100 et le R-101. William Mackenzie King – alors premier ministre du Canada – promet assistance au projet. En guise de récompense, le major G. H. Scott, celui-là même qui avait piloté le R-34 lors de sa traversée initiale, débarque donc au Canada pour y choisir un endroit propice pour le port d’attache du futur dirigeable. Le ministre canadien de la défense, J. L. Ralston, propose alors quelques sites, dont un près d’Ottawa, un autre à côté d’Halifax et de Sydney, en Nouvelle-Écosse, de même que le Nouveau-Brunswick et l’île du Cap-Breton. Mais rien n’y fait pour le major – les lieux choisis par le ministre sont par trop éloignés de grands centres…

Bientôt le choix s’arrête sur St-Hubert, une ville située au sud de Montréal. La construction d’un mât – que l’on peut voir sur la photo – est immédiatement commencée le 8 septembre 1928. Une fois la tour assemblée et achevée, elle dépassera l’église de Saint-Hubert de près de quatorze mètres ! Après quelques tests, le mât est prêt à accueillir son hôte d’outremer et, le mardi 29 juillet 1930, le dirigeable quitte l’Angleterre avec 7 passagers à son bord et 37 membres d’équipage. Après quelques petites turbulences au-dessus du Lancashire, le R-100 reprend tranquillement sa route jusqu’en Amérique. Arrivé au-dessus de la côte québécoise, le R-100 subit une avarie assez grave : une perte de gaz dans l’un des ballons et l’aileron droit est légèrement déchiré… Mais qu’à cela ne tienne, le zeppelin continue son voyage. Vendredi matin, le 1er août 1930, à 5h33 du matin avait lieu l’amarrage de l’appareil et la fin mouvementé du parcours. Et, afin de pouvoir mousser la publicité du dirigeable, Montréal revêtit de nombreuses banderoles et pancartes qui souhaitait la bienvenue au R-100. Partout, des souvenirs, de la musique, des cartes postales, des épinglettes… 

Clin d’oeil

Le 21 août 1930, Mary Travers dit La Bolduc s’inspire de ce fait divers pour composer une de ses plus inoubliables chansons Toujours l’R-100. Se moquant de la frénésie qui avait saisi Montréal lors de l’arrivée du R-100, La Bolduc s’imagine déjà tous les produits dérivés qui aboutiront sur le marché : « les culottes l’R-100, les pyjamas l’R-100 Brassières l’R-100, jarr’tières l’R-100« . Mais elle ne sera pas la seule à composer une goualante sur le dirigeable ; Arthur Lapierre composera C’est l’R-100 et La chanson du R-100 (que l’on peut entendre sur ce site) ;  dans la pièce C’est l’R-100, le chanteur en profitera pour souligner au passage que Bennett défît aux élections le gouvernement de Mackenzie King le 7 août (alors que le R-100 flottait toujours au Québec).

La Bolduc – Toujours l’R-100

Hélas, la postérité ne sera pas aussi tendre que le furent les chansons ci-dessus avec le dirigeable anglais. L’année suivant son passage en Amérique, le projet R-100 sera éventuellement abandonné (suite à l’explosion du R-101 au-dessus de la France) et sera taillé en pièces. Le mât d’amarrage à Saint-Hubert ne fera pas de vieux os non plus car il sera rasé en 1937, et sa base dynamitée quelques temps plus tard. Le R-100 n’aura donc pas eu la pérennité que lui annonçait le morceau de La Bolduc…

Paroles

La Bolduc – Toujours l’R-100

Arthur Lapierre – C’est l’R-100

Arthur Lapierre – La chanson du R-100

Discographie

1930 – 78 tours : Toujours l’R-100

Sources