Olivier Despax – Trop tôt, trop jeune

Né à Neuilly en 1939, Olivier Despax était destiné à un bien bel avenir musical – petit-neveu de Florent Schmitt, il se révèle être un musicien très précoce ; alors qu’il n’a que 16 ans, il remporte le titre de meilleur guitariste de jazz  au Salon de la Jeunesse du Grand Palais en 1955. Quatre année plus tard, Olivier obtiendra la médaille de bronze dans un championnat de guitare, remporté par un certain Sacha Distel… Le jeune Despax a trouvé son instrument de prédilection, il lui reste cependant à s’organiser. Vers 1960, il accompagne déjà à la guitare Djuri Cortez pour son 33 tours intitulé : De l’Espagne au Mexique en passant par les Steppes ! C’est au sortir de son service militaire en Algérie lors de l’année 1962 qu’il rencontre de nombreux musiciens avec lesquels il s’entend bien et, de fait, fonde un groupe, les Gamblers.

Entouré de solides jazzmen, comme Jean-Marie Dariès (saxophoniste ayant joué avec Kenny Clarke), Jean-Pierre Sabard (organiste au Blue Note, accompagnateur des Stan Getz et Bill Hayes), Philippe Maté (saxophoniste des clubs courus d’Alger comme « Le chat qui pêche », « Le Bidule » ou « Les Trois Mailletz ») ou Ricardo Galeazzi (bassiste argentin jouant à « l’Escale »), Despax signe un contrat de trois ans avec Barclay, tout en jouant au « Madison Club ». C’est là que le premier enregistrement en direct du groupe a lieu – pour lancer le madison, une danse en ligne popularisée en 1957. Sous le nom de « Olivier Despax et les Gamblers », le 45 tours comprend les titres The Madison, Paris Madison et A little bit of shout.  

Madison/Paris Madison

A little bit of shout

Lors de l’été 1962, Olivier et son groupe sont présents pour assurer l’ouverture du « Papagayo » à St-Tropez ; il y croise de nombreux artistes avec lesquels il fait des boeufs, comme Sacha Distel et un certain Claude François. L’automne venu, Despax monte à Paris pour endisquer un 33 tours dont il aura la vedette – le nom des Gamblers n’étant mentionné qu’en petits caractères… Parmi les chansons, mentionnons Hi ! Ha ! Hi ! Ha ! Ho !, Mashed Potatoes, Lolo’s Madison, Be-Bop a Lula, Sack O’Woe et El Nabout. Mais l’égo de Claude François et Olivier ne semblent pas cohabiter longtemps ; Cloclo se fait éventuellement renvoyer du groupe, et Despax le suivra également de peu, les Gamblers décidant de continuer l’aventure sans le tumultueux duo. Bien mal leur en fit car le groupe se dissoudra en 1964, après trois 45 tours…

 Sack O’Woe

Mashed Potatoes

Hi ! Ha ! Hi ! Ha ! Ho !

El Nabout

Be-Bop A Lula

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Carrière post-Gamblers

Mais la carrière musicale prometteuse d’Olivier ne s’arrête pas avec les Gamblers, que nenni ! Le ténébreux guitariste continue d’enregistrer et d’endisquer, dont de nombreuses reprises – parmi celles-ci, mentionnons au passage And I love her, Yes it is et Here, there and everywhere des Beatles. Pendant un temps, les Senders sont pressentis pour l’accompagner, mais le groupe refuse finalement à cause de différences musicales ; Despax restera donc un artiste solo jusqu’à la fin.

Ne mets pas de bleu (Yes it is)

Et je l’aime (And I love her)

Dis-moi (Here, there and everywhere)

Le 1er janvier 1963, le public français le voit à la télévision avec nulle autre que la Bardot ! S’agit-il d’une simple amitié entre le beau brun et la plantureuse blonde, ou y a-t-il une idylle se profilant au loin ? Même s’il y a eu beaucoup de spéculations à ce sujet, il semble qu’il n’y ait jamais rien eu entre les deux jeunes vedettes. Sauf peut-être quelques leçons… de musique.

Lors de l’année 1964, le jeune Olivier fait le saut du petit au grand écran et tourne dans trois films – dont Le monocle rit jaune, aux côtés de l’ineffable Paul Meurisse. Mais le chanteur de charme n’en fait pas une carrière stable puisqu’il ne joue que dans une dizaine de films jusqu’à l’année 68. Après l’enregistrement de 7 albums, dont « Olivier in London » qui aura la distinction d’avoir John Hawkins à la direction de l’orchestre, Olivier Despax nous quitte le 10 avril 1974, succombant à un cancer. Trop tôt, trop jeune hélas…

Postérité

Si Olivier Despax demeure très peu connu aujourd’hui, il faut noter cependant qu’une de ses citations a été reprise pour illustrer la perception du jazz en France. Relevé (et sûrement traduit) par David Strauss, il aurait confié au Jazz Hot en mai 1959 : « Negro musicians have a unique character : a spirit of their own, one which the whites lack, a kind of ferocity of rhythm, a violence which they call ‘swing’. They also have a great deal of sensitivity, absolutely not the sensitivity of whites« .

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Paroles

Olivier Despax – Dis-moi

Olivier Despax – Et je l’aime

Olivier Despax – Ne mets pas de bleu

Discographie

 1962 – Dansez le Madison au « Madison Club » (45 tours) : The Madison/Paris Madison/A little bit of shout

1962 – Le grand « M » (45 tours) : Le grand « M »/Drug store Madison/Madison shake/Paris Madison

1962 – L’homme à la guitare (45 tours) : L’homme à la guitare/Twist

1963 – 45 tours EP : Ja-Da/Ginchy/Salut Ray/Teensville

1963 – 45 tours EP : Loin de Venise/Barcarole/La poupée/L’église abandonnée

1964 – 45 tours EP : Souvenir/Laisse-toi danser/Une autre fille/Voilà mon amour qui passe

1964 – 45 tours EP : Qu’en pensez-vous ?/Une lettre de toi/Devant Cathy/Y a pas d’ambiance (Gee what a party)

1965 – 45 tours EP : Et je l’aime (And I love her)/Le premier matin (True love)/Tu dis september (Try to remember)/Où êtes-vous ? (More)

1965 – 45 tours EP : Encore cette mélodie/J’ai retrouvé la mer/Ne mets pas de bleu (Yes it is)/Si tu as un coeur

1966 – Olivier in London : Si loin d’Angleterre (See you in September)/Dis-lui ma guitare/Je t’appartiens/Cherry love (Cherish)

1967 – 45 tours EP : Pour venir jusqu’à toi/Dis-moi (Here, there and everywhere)/Ne te retourne pas (Have pity on the boy)/Tout te parlera de moi

1969 – 45 tours SP : Elle a toujours les mêmes yeux/Look away

1969 – 45 tours SP : L’été n’est plus l’été/Femme-femme

196? – 45 tours EP : Le diable (Ladies’ man)/La dame en blanc/Essaie de me comprendre (Try to understand)/Ton second sourire

196? – 45 tours : Palomarès (Jenny’s gone and I don’t care)/Regarde-le/Ça me plaît (That’s nice)/Ne viens pas me dire (Don’t break me your heartaches)

196? – Quelque chose comme Glenariff : Les femmes/Dingo

196? – 45 tours SP : Entre midi et deux heures/Bien avant que tu pleures

1970 – 45 tours SP : Sur cette plage du Nord/Monsieur le magicien

197? – 45 tours SP : La raison des chansons/On ne meurt pas d’amour

Sources

  • BRETIN, O. La Fragonette. Paris : Publibook, 2003, p. 85.
  • CHALVIDANT, J. et MOUVET, H. La belle histoire des groupes de rock français des années 60. Paris : Éditions Lanore, 2001, p. 100-103.
  • LOUAPRE, R. 1958-1968 : Les années rock en Normandie. Sine loco : Éditions PTC, 2002, p. 76.
  • STRAUSS, D. « French Critics and American Jazz » in American Quarterly 17, no 3 (Automne), p. 582-587.
  • ENCYCLOPÉDISQUE [www.encyclopedisque.fr] Consulté le 6 juillet 2014.
  • INTERNET MOVIE DATABASE [http://www.imdb.com/name/nm0221588/] Consulté le 12 juillet 2014.

2 réflexions sur “Olivier Despax – Trop tôt, trop jeune

  1. Ping : Olivier Despax: Grand-nephew of composer Florent Schmitt … French heart-throb singer and actor of the 1960s. | Florent Schmitt

  2. Oui c’st trop injuste ,même si tout le monde doit passer au delà du miroir;;;;;il était promis a un bel avenir,car il avait indéniablement du talent,,,,comme vous l’indiquez plus haut(-,trop tôt,trop jeune-,),,une grande perte en somme;;;;;;Cordialement bien a vous

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