Construit en 1909, l’aéroport de Paris (Orly) évoluera constamment au fil des ans pour répondre aux demandes, toujours croissantes. En 1957, le projet d’aérogare Sud – qui vise à agrandir de façon importante l’aéroport déjà existant – voit le jour ; il sera complété et inauguré en 1961. Moderne, l’aérogare Sud accueille sur ses terrasses les curieux qui désirent voir atterrir ou décoller les avions. Au cours des années 60, le nombre de visiteurs dépassera le million, devenant le monument le plus visité de France en 1966 (1). Parmi les installations, il était possible de s’offrir une promenade aérienne dans un mini-avion, où s’entassaient une quinzaine de passagers, afin de survoler l’Île-de-France et Versailles (2).
Cette nouvelle mode ne passe pas inaperçu et inspire le célèbre Pierre Delanoë, parolier de nombreux artistes français dont Gilbert Bécaud. En 1963, le chanteur à la cravate à pois sort un nouveau morceau : Dimanche à Orly est née ! La chanson dépeint la vie monotone d’un jeune banlieusard vivant avec ses parents et qui, pour oublier son ennui, s’envole… en regardant décoller les avions. Car, de condition modeste (J’habite un chouette appartement/Que mon père, si tout marche bien/Aura payé en moins de vingt ans), le narrateur s’adonne à ce passe-temps qui ne coûte rien et lui permet d’échapper au tracas du dimanche (Le dimanche, ma mère fait du rangement/Pendant que mon père, à la télé,/Regarde les sports religieusement), ainsi qu’à sa vie d’écolier.
Gilbert Bécaud – Dimanche à Orly
***
L’année suivante la création de la chanson, Monsieur 100 000 volts enregistrera une autre version, cette fois-ci en allemand. Mais le plaisir de visiter Orly le dimanche ne durera pas éternellement… Pour des raisons sécuritaires, suite à l’attentat perpétré contre un avion d’El-Al le 17 janvier 1975 – un dimanche – la terrasse de l’aérogare Sud sera fermée quelques temps (3).
Clin d’oeil
Absent depuis plusieurs années de la scène et du studio, Jacques Brel lancera un album – qui s’avérera être le dernier – en 1977. Parmi les titres dudit album figure Orly, une chanson portant sur un couple faisant leurs adieux à l’aéroport. Déchirante et mélancolique, la rengaine de Brel est très loin du ton guilleret de Bécaud ; l’avion qui décolle brise un rêve plutôt que de le porter à l’infini. Et son refrain ?
La vie ne fait pas de cadeau.
Et, nom de Dieu, c’est triste
Orly, le dimanche,
Avec ou sans Bécaud !
Jacques Brel – Orly
***
Paroles
Gilbert Bécaud – Dimanche à Orly
Discographie
1963 – 45 tours EP : Dimanche à Orly/Trop beau/Au revoir/Heureusement y’a les copains
1963 – 45 tours SP : Dimanche à Orly/Trop beau
1964 – 45 tours SP : Du « Toi »/Die Luf’ von Orly
1977 – Les Marquises : Jaurès/La ville s’endormait/Vieillir/Le bon Dieu/Les f…/Orly/Les remparts de Varsovie/Voir un ami pleurer/Knokke-le-Zoute tango/Jojo/Le lion/Les Marquises
1977 – 45 tours SP : Les remparts de Varsovie/Orly
1978 – 45 tours SP : Orly/Le lion
Sources
- (1) JALONS [http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu01826/la-construction-de-l-aerogare-sud-de-l-aeroport-d-orly.html] Consulté le 16 janvier 2014.
- (2) FRANCK, J. Le sérieux et le futile après la guerre : récit d’un médecin aviateur militant [coll. Graveurs de mémoire]. Paris : L’Harmattan, 2010, p. 145.
- (3) LE PARISIEN [http://www.leparisien.fr/orly-94310/en-terrasse-a-l-aeroport-d-orly-24-07-2009-589062.php] Consulté le 17 janvier 2014.
- (4) ENCYCLOPÉDISQUE [http://www.encyclopedisque.fr] Consulté le 17 janvier 2014.
Droits d’auteur
- La photo utilisée en couverture est une création de Lionel Allorge.