Nés à une année d’intervalle, Boris Vian et Georges Brassens ont partagé de nombreuses passions à leur façon : le jazz, le rejet des valeurs bourgeoises, la chanson française… Ils débutent leurs carrières respectives dans les cabarets, se côtoyant entres autres dans de nombreux établissements comme aux Trois Baudets. Malgré leurs styles disparates, Brassens et Vian s’appréciaient mutuellement, « Bison Ravi » ayant écrit quelques articles élogieux à propos du troubadour sétois; il ira même jusqu’à composer une chanson « à la manière » du pornographe du phonographe. Dans cette pièce restée selon toute vraisemblance inédite, écrite entre 1954 et 1959, Vian pastiche Brassens en recueillant un thème propre à l’auteur du « Gorille » : la rencontre d’une prostituée… Utilisant l’air de Corne d’auroch, Vian s’est servi de termes particulièrement brassensiens comme « Ô gué, ô gué », « Putain », « Cornegidouille »…
Les Salamandres – À la manière de Brassens
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En 1956, Georges lui rendra la pareille (s’il avait eu vent de l’hommage ou non, cela demeure incertain) par une dédicace sur l’album « Chansons possibles et impossibles » datant de 1956. Voici ce qu’il a écrit: « Boris Vian est un de ces aventuriers solitaires qui s’élancent à corps perdus à la découverte d’un nouveau monde de la chanson. Si les chansons de Boris Vian n’existaient pas, il nous manquerait quelque chose. Elles contiennent ce je-ne-sais-quoi d’irremplaçable qui fait l’intérêt et l’opportunité d’une oeuvre artistique quelconque. J’ai entendu dire à d’aucun qu’ils n’aimaient pas ça, grand bien leur fasse. Un temps viendra comme dit l’autre où les chiens auront besoin de leur queue et tous les publics des chansons de Boris Vian ».
Paroles
Boris Vian – À la manière de Brassens
Source
- VIAN, Boris. Oeuvres de Boris Vian [Tome onze]. Paris : Fayard, 1999, p. 43-44.
Cette version est très intéressante! Merci je ne la connaissais pas.