C’est dans un canton francophone de Lausanne que naissent les Aiglons avec, à la tête de la volée, un jeune et fringant Jean-Marc Blanc. À tout juste 18 ans, ses dix années de piano classique lui permettent de se reconvertir à l’orgue électrique (c’est d’ailleurs ce même Jean-Marc qui est à l’avant-plan de la photo que l’on peut apercevoir ici). À sa gauche, Christian Schlatter, l’aîné du groupe à 19 ans, est le batteur attitré; derrière lui, se tient debout Léon Francioli qui, tout comme le leader du groupe, a passé quelques années au piano avant de choisir la guitare comme instrument de prédilection. Enfin, Laurent Florian et le benjamin (à tout juste seize ans) Antoine Ottino complètent le groupe, le premier à la guitare d’accompagnement, le second à la basse.
Un passage au Golf Drouot le 4 janvier 1963 leur permet de se faire remarquer et, après un court séjour cantonnés dans un studio, les Aiglons enregistrent deux 45 tours. Le premier disque, comprenant trois morceaux de Jean-Marc Blanc, est dès sa sortie prometteur car un des titres se démarquera des autres – Stalactite sera entre autres diffusé aux États-Unis. L’autre pièce, T’en vas pas, est une composition de Géo Voumard et le public pourra l’entendre jouer au grand prix de l’Eurovision. Un début bien loin d’être neutre !
Les Aiglons – Stalactite
Les Aiglons – T’en vas pas
Les Aiglons – Christine
Les Aiglons – Marie-Line
Le second 45 tours sort en octobre de la même année et contient quatre compositions originales, dont Panorama, que les Aiglons devront reprendre plus de cinquante fois avant d’enregistrer la version définitive. Bien que ce disque ait été composé sous l’égide de Ken Lean (dit René Porchet), il n’a malheureusement pas eu l’effet escompté auprès du public. Cela ne les empêche pas cependant de partir en tournée en France, mais quelques déboires accablent leur dernier spectacle au Palais de la Mutualité, à Paris, dont une bagarre et une chute d’un spectateur du balcon… Les Aiglons décident donc de se séparer de Ken Lean et choisissent Jean Fernandez, le grand manitou des Chaussettes Noires, comme nouveau gérant. Ils retournent peu de temps après en Suisse et accompagnent de nombreux artistes sur scène. Paul Lederman leur propose de faire la première partie de Claude François mais leurs parents s’y opposent hélas !
Les Aiglons – Panorama
Après avoir tourné un clip qui a remporté la Rose d’or de Montreux, les Aiglons enregistrent un troisième disque composé de Tennessee, Europa, Troïka et Bal 10 10, et qui passe inaperçu auprès de la critique et du public. La frustration se fait de plus en plus sentir au sein du groupe, ce qui amènent Blanc, Florian et Ottino à quitter le nid – ils seront remplacés par Oreste « Cookie » Cristruib et Michel Klaus. La nouvelle volée compose ce qui s’avérera être un dernier opus, sous la direction artistique de Marco Vifian. Le dernier glatissement des Aiglons aura eu la mélancolie d’un chant du cygne…
D’autres Aiglons
Dans les années 70, un groupe guadeloupéen composé de Michel d’Alexis et de ses frères, de même que Michel Monrose et Michel Nerplat prendra lui aussi comme nom « les Aiglons ». Ce ne sera pas pourtant pas pour honorer le groupe suisse, mais bien parce que les autres formations de l’époque choisissaient des noms d’animaux, comme les Jaguars ou les Léopards. Grâce à une relation haïtienne, les Aiglons feront une tournée aux États-Unis et au Canada. Après un 45 tours chez Célini, ils sortiront un 33 tours en 1976, comprenant leur célèbre Cuisse-la. En 1981, l’alignement sera légèrement modifié par Michel d’Alexis et les Aiglons continueront leur envol sous les cieux torrides des Antilles, loin, très loin de la Suisse…
Les Aiglons – Cuisse-la
Discographie
1963 – 45 tours EP : Stalactite/T’en vas pas/Christine/Marie-Line
1963 – 45 tours EP : Panorama/Dans le vent/De l’amour/Expo 64
1964 – 45 tours EP : Tennessee/Europa/Troïka/Bal 10 10
1964 – 45 tours EP : Rosko/Patricia/Rêverie/California
Sources
- CHALVIDANT, J. et MOUVET, H. La belle histoire des groupes de Rock français. Paris : Éditions Lanore, 2001, p. 14-17.
- ENCYCLOPÉDISQUE [www.encyclopedisque.fr] Consulté le 16 novembre 2014.
- MAXIMINI [http://www.maximini.com/fr/news/guadeloupe/culture/michel-d-alexis-le-patron-n-est-pas-mort–5638.html] Consulté le 16 novembre 2014.
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