Fernandel et l’effort de guerre

En septembre 1939, la France déclare la guerre à l’Allemagne et s’engage dans un conflit qui sera qualifié par les historiens de « drôle de guerre ». Oxymore redoutable, car les guerres provoquent inlassablement les larmes plutôt que le rire. Il faut noter cependant que la mobilisation aura cette fois-ci quelque chose de comique, ou plutôt d’un comique, puisque c’est Fernandel lui-même qui sera appelé à servir au sein du 15e escadron du Train des équipages, à Langres. Si le service militaire de Fernand Contandin est peu connu, il y a cependant un effort de guerre auquel le comique troupier contribuera – la lutte à la désinformation. Et cette fois-ci, il ne s’agit point d’un chansonnette idiote à la Ignace !

Cette photographie provient du fonds André Cros, conservé par les archives municipales de la ville de Toulouse.

Fernandel enregistre donc une chanson, Francine, composée par A. Willemetz et C. Oberfeld, pour rallier les Français contre la menace nazie. Le chanteur marseillais y met en garde ses concitoyens contre la radio de Stuttgart, organe de propagande allemande qui diffusait de faux rapports pour démoraliser le peuple français. La rhétorique démagogique d’Hitler – pour avoir les coudées franches en Europe centrale – est d’ailleurs raillée dans la goualante :

                                               Je ne veux plus rien prendre
                                              Maintenant que j’ai tout r’pris
                                                      J’adore l’Angleterre
                                                     J’adore les Français
                                               Pourquoi me faire la guerre
                                           Quand j’veux qu’on m’fiche la paix !


Fernandel – Francine

Le « salopard de Stuttgart » n’est autre que Paul Ferdonnet, un partisan d’extrême-droite, responsable de la désinformation en France au profit du Führer; à la Libération, il sera fusillé.

Malgré ce cri du coeur, la France signera l’armistice sous Pétain et Fernandel sera démobilisé, poursuivant sa carrière au cinéma. Le compositeur de Francine Casimir Oberfeld, de confession juive, sera déporté à Auschwitz et ne verra jamais la fin de la guerre…

Paroles

Fernandel – Francine

Sources

  • SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE LANGRES. Bulletin de la Société historique et archeologique de Langres, Volume 25,Numéros 362 à 368, Sin loco : Université de Michigan [Numérisé le 3 juillet 2010], 2006, p. 362.

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