Nino Ferrer, grand amateur de jazz, débutait dans la chanson en 1959, en tant que contre-bassiste pour les Dixie Cats. Cependant, ce n’est qu’en 1965 qu’il atteindra la notoriété, et cela, d’une façon peu ordinaire. Le musicien d’origine italienne décide de composer un morceau qui va en contre-sens à la vague yé-yé, une chanson sur une chienne dénommée Mirza.Eddy Barclay, alors qu’il se trouvait un soir au Bilboquet, entendit Nino entonner cette chanson fort rigolote. Convaincu, il lui offrit un contrat et la chanson devint un hit. Si l’inspiration d’une chanson est souvent difficile à à savoir, cette goualante de Ferrer a cependant une histoire réelle. Inspirée par une chienne qu’aurait recueillie ses parents – et surnommée Lassie – le nom Mirza, lui, serait venu de l’oeuvre d’Hergé. Comme quoi le 9e art peut être une source inestimables pour les chanteurs et chanteuses à la recherche d’idées ! À ce propos, cela me rappelle un certain employé n’ouvrant jamais le courrier, même si c’est son travail. Vous savez, il s’appelle Gaston et répond encore moins au téléfon…
Reprises
Mirza sera chantée l’année suivante, en 1966, par les groupes pratiquement inconnus qui suivent : Bad Stone, Les Kems, ainsi que Les Soliloquys. La chanson sera également réutilisée dans les années 80, par Christie (alias Nina Morato) pour un 45 tours, avec deux autres titres de Ferrer : Oh Hé Hein Bon et Le téléfon.
Clin d’oeil
La première parodie ne se fit pas attendre et nous la devons à une chanteuse qui a aujourd’hui un peu sombré dans l’oubli : Suzanne Gabriello, la fille de l’acteur et parolier Gabriello. Sur la même musique pratiquement note pour note, Mirza est détournée au profit de Z’avez pas lu Kafka ? . Et si cela n’était pas assez évident pour les auditeurs, elle rajoute des Nino un peu partout pour marteler le fait qu’il s’agisse d’une parodie. Malheureusement, ce n’est pas une des plus réussies pour Suzanne G., car elle n’est pas toujours sur la note… Avant de faire la leçon aux autres, il faut être sûr de viser juste soi-même !
Suzanne Gabriello – Z’avez pas lu Kafka
L’humour de Nino Ferrer sembla contagieux et, s’il avait emprunté à un Belge le nom Mirza, ce n’était que justice si un autre citoyen du plat pays devrait le réutiliser. Il s’agit ici du grand Jacques qui, dans sa chanson tragicomique À jeun, invoque les malheurs d’un veuf tout récent. Alors, que le narrateur décrit tous ceux qui sont présents aux funérailles (beau-maman, belle-papa – ce qui indique son état d’esprit), il lâche un soudain « Z’avez pas vu Mirza« , certainement déplacé et absurde, mais qui ajoute de l’humour à la chanson. D’ailleurs, À jeun a été composée en 1967, peu de temps à peine après Mirza, et les auditeurs de l’époque ont dû relever la référence.
Jacques Brel – À jeun
Paroles
Suzanne Gabriello – Z’avez pas lu Kafka ?
Discographie
Pour Nino Ferrer
1965 – 45 tours EP : Mirza/Les cornichons/Il me faudra… Natacha/Ma vie pour rien
Pour Suzanne Gabriello
1966 – 45 tours SP : Les jolies colonies de la France/Votez hein bon !/Mon permis au mois d’août/Z’avez pas lu Kafka
Pour Jacques Brel
1967 – Jacques Brel 67 : Mon enfance/Le cheval/Mon père disait/La la la/Les coeurs tendres/Fils de …/Les bonbons 67/La chanson des vieux amants/À jeun/Le gaz
Sources
- ENCYCLOPÉDISQUE [www.encyclopedisque.fr] Consulté le 25 janvier 2014.
- HERGÉ. Tintin en Amérique. Tournai : Casterman, 1983, p. 45.
- HERGÉ. Le secret de la licorne. Tournai : Casterman, 1974, p. 8.
- PESSIS, J. Chronique des années yéyé. Sine loco : Éds. Chronique, 2013.
Ping : Une chanson qui dégrise – À jeun de Jacques Brel | Le Net plus ultra de la chanson française